Une récolte difficile

Cette année, dans plusieurs régions oléicoles de la Méditerranée, des producteurs ont davantage versé de larmes que produit d’huile d’olive en raison de l’une des pires récoltes qu’ils aient vécue depuis longtemps. 

Peu de soleil et beaucoup de pluie ont créé un habitat propice à la prolifération du plus grand ennemi des olives, la mouche Bactrocera oleae . Ce parasite dépose sur les oliviers des larves qui se nourrissent alors des olives. Les olives infectées tombent au sol, laissant les arbres dépouillés. Dans d’autres régions, c’est la bactérie Xilella fastidiosa qui a détruit les oliviers; pour s’en débarrasser, il fallait nécessairement abattre et brûler les arbres.

En Provence, où l’on espérait une production de 5000 tonnes au printemps dernier, on parle désormais d’à peine 1500. Une baisse de près de 90 %! En Italie, on espère 300 000 tonnes, une baisse de 30 %. On note toutefois des baisses de 80 % dans certaines provinces, notamment dans le nord de l’Italie et le sud de la Puglia.

Les effets se font déjà sentir sur les prix. À la bourse de l’huile d’olive, à Jaén en Espagne, on constate une augmentation des prix de plus de 17 %, alors qu’à la chambre de commerce de Bari, dans le sud de l’Italie, on enregistre une hausse de 38 %. Le marché risque donc d’être inondé d’huiles d’olive abordables en provenance d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, qui n’appliquent pas toujours les mêmes normes de sécurité et de salubrité que les pays européens. Il y aura probablement davantage d’huiles d’olive contrefaites, c’est-à-dire des huiles soi-disant « extra-vierges » qui se composent en réalité d’un mélange d’huiles d’olive, de tournesol et de soya et qui ne subissent aucun contrôle à nos frontières.

Deux pays européens semblent avoir échappé au fléau cette année : la Turquie, qui devrait maintenir le même niveau de production que l’année dernière avec 200 000 tonnes; et la Grèce, qui s’attend à une année record et qui pourrait même déloger l’Italie à titre de deuxième producteur mondial.

Cet hiver, pendant que les oliviers dorment, les producteurs prient pour que cet épisode ne se répète pas en 2015.